Représentant du personnel : ne pas abuser…
Un employeur convoque un collaborateur dans le cadre d’un entretien informel pour lui faire part de son mécontentement, notamment à propos des temps de pause. Mais c’est sans compter l’intervention intempestive d’un représentant du personnel…
Représentant du personnel : intervention sur autorisation
A la demande expresse de son directeur, une salariée est convoquée dans son bureau pour un entretien informel (qui avait pour objet la gestion des temps de pause déjeuner).
Bien qu’elle n’ait pas manifesté le désir d’être assistée pour cet entretien par un représentant du personnel, d’autant que l’assistance du salarié dans le cadre d’un tel entretien n’est pas obligatoire, une représentante du personnel s’est présentée à plusieurs reprises à la porte du directeur qui lui a signifié qu’elle n’avait rien à faire là.
Mais, devant l’état d’énervement du directeur, et craignant que la salariée soit en danger et cherchant donc à s’assurer qu’elle n’était pas maltraitée, elle a tenté de forcer la porte du bureau du directeur et il s’en est suivi une bousculade.
Face à ce comportement, l’employeur a estimé que la représentante du personnel avait commis une faute d’insubordination consistant à imposer sa présence et à perturber un entretien, malgré le refus justifié d’une telle présence par le directeur. Il prononce donc à son encontre une mise à pied disciplinaire.
La représentante se défend en prétextant un motif légitime, et s’estime au contraire victime de discrimination syndicale.
Mais le juge, saisi de cette affaire, ne lui donne pas raison : il constate que, malgré l’absence de souhait de la salariée convoquée à l’entretien informel d’être assistée d’un délégué du personnel, la représentante du personnel a imposé sa présence, sous couvert d’un mandat de délégué du personnel et a perturbé cet entretien en tentant de forcer la porte du bureau du directeur.
Autant de circonstances qui caractérisent un abus, selon le juge, qui rappelle au passage que la mission de délégué du personnel ne prévoit pas la possibilité d’interrompre un entretien entre un salarié et son supérieur hiérarchique. D’autant que la salariée convoquée à l’entretien affirme n’avoir pas été séquestrée, ni s’être sentie en danger…
Source : Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 23 octobre 2019, n° 17-28429
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